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L’endormissement autonome : faut-il vraiment laisser pleurer son bébé ?

C’est une phrase qu’on entend souvent : «Il faut qu’il apprenne à s’endormir seul.» Sous-entendu : si ton bébé ne s’endort pas sans aide, quelque chose cloche.Et parfois, le conseil qui suit est encore plus déroutant : «Laisse-le pleurer un peu, il finira bien par comprendre.»


Mais est-ce vraiment ça, l’endormissement autonome ? Et surtout, faut-il passer par les pleurs pour y arriver ?


L’endormissement autonome, qu’est-ce que c’est vraiment ?

On parle d’endormissement autonome quand un enfant parvient à s’endormir sans intervention directe d’un adulte, en étant capable de trouver le sommeil par lui-même.

Autrement dit : il a intégré des repères, un rythme de sommeil régulier et surtout une sensation de sécurité suffisante pour lâcher prise.

Mais cette capacité ne s’acquiert pas du jour au lendemain.


On ne demande pas à un bébé de marcher à six mois, ni à un enfant de CP de lire sans accompagnement. Pourquoi en serait-il autrement pour le sommeil ?


L’autonomie au sommeil se construit peu à peu, à travers des habitudes de sommeil, un environnement propice au sommeil (pièce calme, lumière faible, température contrôlée) et des rituels rassurants répétés chaque soir.


Le lien d’attachement : la base du sommeil autonome

Avant de s’endormir seul, un bébé a besoin d’être sécurisé, rassuré et contenu.Le sommeil implique une séparation temporaire, et pour pouvoir s’en détacher paisiblement, il doit d’abord être pleinement sécurisé dans la relation.


Les recherches en théorie de l’attachement montrent que ce sont les réponses sensibles et constantes (répondre aux pleurs, au besoin de proximité, aux signes de fatigue ou de somnolence) qui permettent à l’enfant de construire sa confiance.


Et cette confiance-là, c’est la base de l’autonomie émotionnelle et du sommeil serein.

Plus un bébé a été accompagné avec bienveillance, plus il sera capable, plus tard, de s’endormir seul. Pas l’inverse.


“Le laisser pleurer” : ce qu’il se passe vraiment

Laisser pleurer un bébé pour qu’il “apprenne” à dormir, comme dans la méthode du 5-10-15 ou d’autres approches comportementales similaires, revient en réalité à lui demander de renoncer à exprimer son besoin.


Oui, il peut finir par s’endormir, mais pas parce qu’il a compris comment faire. Il s’endort parce qu’il a compris qu’il ne serait pas entendu.


À court terme, cela peut donner l’illusion d’un sommeil autonome. Mais à long terme, cela peut fragiliser le lien de confiance et ne règle en rien les causes des difficultés d’endormissement.


Une étude menée par Weinraub et al. (2012) montre que les bébés soumis à ces méthodes présentent plus de difficultés à s’endormir seuls quelques mois plus tard, suggérant un retard dans le développement de leur capacité d’auto-apaisement et de l’autonomie au sommeil.


D’autres chemins vers l’endormissement autonome

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des méthodes d’endormissement douces et respectueuses du rythme du bébé. Accompagner son enfant vers un sommeil apaisé ne veut pas dire le poser dans son lit et croiser les doigts : cela passe par des rituels apaisants et une relation de proximité sécurisante.


L’idée, c’est de donner à l’enfant confiance dans sa capacité à s’endormir, tout en sachant qu’on reste là s’il en a besoin. L’objectif n’est pas d’avoir un bébé indépendant le plus vite possible, mais un enfant confiant, capable de trouver son sommeil sans détresse.


Le rôle du parent et du réconfort

Quand un bébé pleure, le parent ressent instinctivement le besoin d’intervenir. Ce réflexe est un mécanisme biologique de synchronie : une étude de Feldman et Eidelman (2007) a montré que les pleurs d’un nourrisson déclenchent une réponse émotionnelle et hormonale chez le parent. Ce lien fort, cette relation de proximité et de réconfort, aide le bébé à comprendre comment réguler ses émotions.


Le Dr Allan Schore, spécialiste en neurosciences affectives, explique que ce sont ces interactions répétées, prévisibles et bienveillantes qui façonnent le cerveau émotionnel du bébé. Répondre aux pleurs ne rend pas dépendant : cela remplit le réservoir affectif de l’enfant et pose les bases d’un sommeil autonome durable.


En résumé : autonomie et sécurité vont de pair

L’endormissement autonome ne devrait rien avoir à voir avec le fait de “laisser pleurer” son enfant. Contrairement à certaines croyances, les pleurs non accompagnés n’aident pas à développer le sommeil autonome, ils peuvent même le freiner.


L’autonomie se construit grâce à la sécurité affective et à un accompagnement cohérent dans la durée. Comme le dit le Dr William Sears :

«Les bébés apprennent à dormir en fonction de leurs besoins, pas en fonction de nos attentes.»


Accompagner votre enfant dans la sécurité affective, même si cela va à contre-courant de certains conseils est le meilleur investissement pour son sommeil et sa confiance future.


Sources scientifiques

  • Feldman, R. & Eidelman, A. (2007). Parent-infant synchrony and emotional regulation.

  • Lerner, R. E. et al. (2020). Mother-infant bed-sharing and infant affect.

  • Rosanbalm, K.D., & Murray, D.W. (2017). Promoting Self-Regulation in Early Childhood.

  • Perry, B. D. (2006). The Neurosequential Model of Therapeutics.

  • Schore, A. N. (2015). Affect Regulation and the Origin of the Self.

  • Sears, W. (2001). The Baby Book.

  • Weinraub, M. et al. (2012). Developmental change in infants’ nighttime awakenings.


Questions fréquentes

À partir de quel âge un bébé peut-il vraiment s’endormir sans aide ?

L’endormissement autonome ne se décrète pas à un âge précis. Les bébés commencent à développer des comportements d’auto-apaisement vers 4 à 6 mois, comme la succion, le détournement du regard ou le frottement de leur doudou.


Mais leur cerveau émotionnel n’est pas encore mature : la capacité à s’endormir seul se construit lentement, au fil des cycles de sommeil et des rituels rassurants. Chaque enfant a son propre rythme : la clé est de l’accompagner avec constance et bienveillance, plutôt que de forcer l’autonomie trop tôt.


Faut-il utiliser des méthodes type “sleep training” ?

Les méthodes d’extinction ou de “sleep training” comme la méthode du 5-10-15 ou la méthode des 15 secondes peuvent sembler efficaces à court terme, mais elles ne développent pas une autonomie réelle.


Elles reposent sur la frustration, et non sur la sécurité. Les techniques progressives et les rituels apaisants sont bien plus adaptés pour construire un sommeil des enfants durable, fondé sur la confiance et la prévisibilité.


Comment gérer la pression des conseils extérieurs qui insistent pour “laisser pleurer”  ?

Tu entendras peut-être qu’il faut “laisser pleurer pour qu’il apprenne”. Mais chaque bébé a son propre rythme de sommeil.Fais-toi confiance, fais confiance à ton enfant et privilégie une routine du coucher stable et une approche bienveillante adaptée à vos besoins.


 
 
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